Série Au Travers Du Miroir

Note d'intention Au Travers Du Miroir

Ce projet est né de ma pratique de photographe portraitiste et de mon ancien travail dans l'aide sociale. Ma rencontre avec les différentes personnes que j'ai accueillies pour faire des portraits m'a incité à créer ce projet. À plusieurs reprises, j'ai entendu des phrases plus ou moins similaires avant une séance photo de portrait :
« Je ne suis pas photogénique. »
« Bonne chance pour faire une belle photo de moi. »
« Je suis toujours moche sur les photos. »
« Je n'aime pas être pris en photo. »
« Quand quelqu'un prend une photo, je fais en sorte qu'on ne me voit pas. »

Derrière ces mots, il y a des souffrances, des peurs, voire des angoisses, liées au regard que je vais porter sur la personne, la peur que je la juge. Elle peut imaginer que j'attends quelque chose d'elle, alors que tout ce que j'attends c’est une connexion émotionnelle. Elle peut avoir peur de son propre regard, qui est en fait un jugement sur la manière dont elle se perçoit. Elle mesure sa valeur en fonction de son apparence physique et ne voit que ses défauts. Elle reste coincée dans la superficialité de l'apparence. Les questions s'accumulent alors... « Comment dois-je me positionner ? » « Que faire de mes mains, lourdes et encombrantes ? » « Quelle attitude, quelle expression dois-je donner, adopter, adapter ? » « Quel sera le résultat ? » « Serai-je à la hauteur ? » À la hauteur de quoi ?

Elle a peur de voir confirmée l'image qu'elle a construite de sa personnalité. Elle craint le regard négatif qu'elle porte sur elle-même. Elle ne veut pas voir toutes ces confirmations. 

Je pars du principe que chaque être humain a sa propre beauté, sa propre lumière cachée dans son cœur. Cette beauté n'est pas normalisée, elle est unique, elle brille de mille feux. Elle est enfermée dans un coffre-fort et souhaite irradier. Cela crée un conflit entre la personnalité intérieure et l'image construite par les regards extérieurs. Selon moi, ce phénomène est dû à la normalisation et à la standardisation de la beauté. La comparaison forcée avec les images qui nous entourent nous pousse à la compétition, avec toujours un gagnant et un perdant. Ce conflit prend racine dans l'éducation parentale, familiale, scolaire. Il s'amplifie dans le milieu du travail, avec les médias, les références de la mode et les normes imposées par la société.

Avec le temps, le regard des autres finit par modifier le regard que l'on porte sur soi. L'impact de ces regards finit par devenir sien : On devient quelqu'un qu'on attend mais que l'on n'est pas. Cela engendre de la frustration, de la colère. Cette colère est double, elle est pour l'autre et pour soi. On perd son intériorité, sa particularité, son authenticité et sa personnalité : la lumière devient terne et le feu s'éteint. Cette perte fait naître une mauvaise image de soi, une image décalée et écrasée. Cela engendre une perte d'estime et de confiance en soi. La perte de confiance vient du fait de ne plus savoir qui l'on est vraiment, on perd sa nature profondément unique, sa beauté innée, intrinsèque. On oublie qu'on est standardisé et manipulé. Or on a le pouvoir de briller de nouveau, de se reconnecter et de se réconcilier avec sa vraie personnalité.

Instinctivement, j'ai utilisé la relation d'aide comme outil et approche de la photographie de portrait. Pour moi, le défi est de faire en sorte que la relation soit suffisamment bonne pour mettre la personne à l'aise afin qu'elle soit naturelle. Elle me révèle ses émotions et, par conséquent, qui elle est vraiment... Je viens interroger dans quelle mesure la photographie peut être un médiateur entre la personne et le regard qu'elle porte sur elle. Est-ce que ce médium peut changer ce regard et aller vers la réconciliation avec elle-même? Je démontre à travers mon appareil photo qu'il est possible de passer du regard de l'enveloppe au regard sur la vie intérieure et émotionnelle.

Ce travail photographique vient interroger l'identité : « Qui êtes-vous ? » « Est-ce que vous êtes vraiment qui vous croyez être ? » « Êtes-vous seulement le résultat du regard de l'autre ? »

Au travers de leur propre miroir et de leur regard, les personnes que je photographie accèdent à la face cachée de leur iceberg, à leur trésor. Le coffre s'ouvre, la lumière sort, elles se retrouvent, elles connectent leur cœur à leur propre amour et le résultat va bien au-delà de mes espérances! 

Au Travers Du Miroir récompensée

La série "Au Travers Du Miroir" a reçu la palme du festival Les Photos Dans Lerpt en 2022.
Ce prix a été attribué par les photographes auteurs du collectif Photographies Rencontres
Je suis très heureux aujourd'hui de faire parti de ce collectif ! Des projets à partager et une diversité de regards impressionnantes !

Au Travers Du Miroir plateau télé

Plateau télé réalisé par le Studio 97de la maison de l'image lors du jour du vernissage du mois de la photo à l'ancienne bibliothèque de Grenoble
Apérophonie Radio Campus 90.8 Bertrand de voix de garage accueil Erich ZANN pour s'entretenir de son travail de photographe sur sa série Au Travers Du Miroir et de son groupe The Chainsaw Blues Cowboys pour la sortie du 3ème album The Magnificient Seven

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Visite virtuelle

Visite virtuelle de l'exposition Au Travers Du Miroir exposé au centre culturel Montrigaud à Seyssins.
Un grand merci à la maison de l'image qui a porté cette exposition en partenariat avec le centre culturel Montrigaud dans le cadre du mois de la photo 2021 à Grenoble.
Visite virtuelle réalisée par EZProduction
Un grand merci aussi à Roche Bobois Grenoble pour le prêt des miroirs qui sont dans cette exposition.
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